Huit ans de prison requis contre Koffi Olomidé pour agressions sexuelles

Huit ans de prison ferme ont été requis lundi 25 octobre au soir contre la star de la rumba congolaise Koffi Olomidé, jugé en appel à Versailles pour agressions sexuelles et séquestration sur quatre de ses ex-danseuses.

Face au chanteur franco-congolais, présent à l’audience, le parquet a demandé de revenir sur le «naufrage» du premier jugement et de reconnaître coupable cet «homme puissant», star internationale qui vit désormais en France. En première instance, le tribunal de Nanterre l’avait condamné en mars 2019 à deux ans de prison avec sursis pour «atteinte sexuelle» sur l’une de ces jeunes femmes, déclarée mineure au moment des faits. Le ministère public, qui avait requis sept ans d’emprisonnement ferme, avait fait appel de cette condamnation. Le chanteur star de la République démocratique du Congo (RDC) avait été relaxé des poursuites concernant trois des danseuses.

Le jugement sera mis en délibéré à une date ultérieure.

Quatre femmes congolaises, qui ont déposé plainte entre 2007 et 2013 et sont parties civiles au procès, accusent Koffi Olomidé de les avoir enfermées dans un pavillon gardé près de Paris, lors de ses tournées françaises, et de les avoir forcées à avoir des relations sexuelles avec lui, de façon régulière pour certaines. Depuis, aucune n’est retournée au Congo par «peur» des conséquences face à une star internationale qu’elles surnommaient avant l’affaire le «président». L’une a déclaré avoir fait au moins une tentative de suicide.

De son vrai nom Antoine Agbepa Mimba, Koffi Olomidé, pull clair sous une grande veste marron, s’est pour la première fois exprimé publiquement sur l’affaire, dénonçant les «mensonges» des parties civiles de sa voix grave. «Ce sont des récits concertés», un «complot» pour «casser ma carrière», a-t-il dit. La séquestration ? Elles «allaient sur les Champs-Élysées» librement, assure-t-il. Elles ne pouvaient sortir qu’escortées? «Elles demandaient qu’on les accompagne», poursuit le chanteur. Kokki Olomidé a cependant reconnu qu’il avait un «droit de regard» sur leurs sorties car «au Congo, ils ont tous le rêve français». Il a plaidé qu’il devait vérifier qu’elles ne cherchaient pas à rester illégalement en France à l’issue de la tournée parisienne.

Deux autres hommes, proches du chanteur qui vit désormais en France, sont également rejugés, accusés de complicités. L’un d’eux – qui évoque aussi des «mensonges» des parties civiles afin de rester en France – a reconnu qu’il était «obligé» de les suivre lorsqu’elles sortaient du pavillon, car «elles ne connaissaient pas la route», pour faire les courses par exemple, a-t-il dit.

C’est dans ce contexte que, selon les plaignantes, le chanteur les aurait agressées sexuellement. «Ça s’est passé dans des hôtels, parfois dans la voiture (…) dans des studios d’enregistrement…», a raconté l’une d’elles, en larmes à la barre. «C’est faux, c’est tout faux», s’est auparavant écrié Koffi Olomidé, «à aucun moment je n’étais seul avec ces filles», s’est-il évertué à répéter. Lors de l’enquête, il avait initialement été mis en examen pour viol, avant une requalification. «Comment vous pouvez faire l’amour dans un studio ? J’hallucine! Il y a des ingénieurs du son, il y a des assistants… Ça n’existe pas!», a-t-il lancé avant le témoignage des parties civiles.

Celles-ci ont déclaré avoir été forcées à subir des relations sexuelles «plusieurs fois» puis «trois fois par semaine» pour l’une ou «trois ou quatre fois dans le mois» pour une autre. «Je me suis laissée faire, mais je n’avais pas envie», a expliqué l’une d’elles à la barre, son avocat Me David Desgranges parlant d’«emprise» du chanteur sur ses troupes. Koffi Olomidé a déjà été condamné, en RDC en 2012, pour violence, et avait été expulsé du Kenya en 2016 pour avoir donné un coup de pied à l’une de ses danseuses.

STRONG2KIN MOOV AVEC AFP

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