RDC – Belgique : Offensive contre l’accaparement des rendez-vous au Centre Européen des Visas à Kinshasa

Les autorités belges annoncent une série de mesures pour lutter contre l’accaparement illégal des rendez-vous au Centre Européen des Visas (CEV) de Kinshasa, où les Congolais rencontrent depuis plusieurs mois de graves difficultés pour accéder au système de prise de rendez-vous.

Face aux délais qui s’allongent — jusqu’à quatre mois pour obtenir un créneau — et aux accusations de vente illicite de rendez-vous, une conférence de presse a été organisée à l’ambassade de Belgique par Joris Salden, Directeur général des affaires consulaires, et Freddy Roosemont, Directeur général de l’Office des Étrangers.

1 000 rendez-vous libérés chaque semaine, selon Bruxelles

Joris Salden réfute toute pénurie de créneaux :

« Nous libérons chaque semaine 1 000 rendez-vous, et ce chiffre sera augmenté de 25 % en 2026 », assure-t-il.

Le diplomate souligne que plus de la moitié des visas délivrés sont des visas de long séjour, permettant aux voyageurs de se rendre en Europe plusieurs années d’affilée :

« Un rendez-vous, c’est bien, mais ne pas en avoir besoin, c’est mieux. »

Il rappelle toutefois la différence entre validité du visa et durée autorisée du séjour :

« Un visa valable trois ans ne permet pas de résider trois ans en Europe. Le séjour reste limité à trois mois par semestre. »

Explosion de la demande : de 15 000 à 78 000 dossiers par an

Depuis la réforme du système, les demandes ont été multipliées par cinq.

« Nous sommes passés de 15 000 à 78 000 demandes annuelles depuis 2023 », a confirmé Salden, évoquant une pression sans précédent sur les services consulaires.

La Belgique dément toute vente interne de rendez-vous

En réaction aux accusations récurrentes, le diplomate est catégorique :

« Le CEV n’a aucun accès à la plateforme de rendez-vous. Elle est entièrement gérée à Bruxelles. Le CEV ne peut donc pas vendre de créneaux. Toute personne qui vous vend un rendez-vous vous arnaque. »

Des agences et intermédiaires utilisent des “bots” : 1 000 créneaux en 30 secondes

Les autorités belges déclarent avoir identifié un mode opératoire frauduleux reposant sur des systèmes automatisés :

« À 2 heures du matin, nous mettons en ligne 1 000 rendez-vous. En 30 secondes, tout disparaît. Aucun humain ne peut cliquer aussi vite. Nos analyses montrent que 4 à 5 entités accaparent tous les créneaux », dénonce Salden.

Il estime que ce monopole illégal empêche les particuliers de réserver eux-mêmes un rendez-vous. Une action concertée sera lancée avec les autorités congolaises :

« Avec la DGM, nous allons nous attaquer à ces agences. »

Faux documents : les demandeurs victimes des réseaux frauduleux

Les autorités belges affirment que certaines agences produisent également de faux documents, souvent à l’insu des clients :

« Elles vous promettent rendez-vous et visa, mais elles ne sont pas capables de l’obtenir. Nous trouvons des faux dans de nombreux dossiers, ce qui entraîne un refus automatique et compromet les futures demandes. »

La Belgique demande désormais aux victimes de porter plainte :

« Ce n’est pas le CEV ou l’ambassade qu’il faut accuser, mais les intermédiaires véreux. Ce sont eux les escrocs. »

Un système sécurisé en préparation

Pour rétablir un accès équitable, Bruxelles promet de renforcer la plateforme, tout en refusant l’idée d’une loterie :

« Le système restera automatisé et impartial. Nous allons le sécuriser davantage et lancer la traque contre les intermédiaires. Tout service devenant payant devient un commerce illégal. »

Le Centre Européen des Visas de Kinshasa : un dispositif Schengen géré par la Belgique

Le CEV, opérationnel depuis avril 2010, traite les demandes de visa pour plusieurs pays européens.

Les dossiers sont instruits par l’ambassade de Belgique, son consulat général ou l’Office des Étrangers, conformément au Code des visas Schengen.

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