
Gradur dévoile son nouveau titre, « Free Congo », deuxième extrait de son projet tant attendu, KONGO.
Alors que la situation sécuritaire se dégrade fortement dans l’Est de la République Démocratique du Congo, où les combats entre l’armée régulière et les rebelles du M23 soutenus par le Rwanda font rage, les Congolais de la diaspora prennent la parole pour dénoncer cette violence. Et les rappeurs ne sont pas en reste.
C’est le cas de Gradur, cet artiste basé en France, mais qui s’est toujours montré profondément attaché à son pays d’origine. Après avoir pris part à des manifestations récentes à Paris pour dénoncer les massacres qui se déroulent au Congo, l’homme au bob s’est entouré de ses congénères, notamment Ninho, Youssoupha, Kalash Criminel, Damso et Josman, pour aborder cette problématique en musique.
Baptisé « Free Congo », ce morceau est désormais disponible sur toutes les plateformes de streaming musical. Les six artistes n’ont pas seulement dénoncé l’agression rwandaise, mais ont également pointé l’irresponsabilité, la cupidité et l’égoïsme de certains hommes politiques congolais.
Voici pour vous quelques extraits de couplets du titre « Free Congo »
Damso, sur son couplet, évoque la déshumanisation de la situation : «La nation désunie par les Nations unies. On parle de Paul, mais parlons des autres aussi, les pupilles sont humides sous les fossiles», ajoutant fermement : « J’suis pas là pour chanter la pitié ».
Gradur dénonce quant à lui les conséquences dramatiques de l’exploitation des ressources naturelles de son pays : « Des millions d’morts à l’Est du Congo… On envoie nos frères mineurs au combat se faire tuer pour du cobalt. Toutes ces richesses nous font du mal, on n’a jamais demandé ça ».
Josman, touché par la situation, exprime son chagrin et appelle à l’éveil de la conscience collective : « J’ai le cœur endeuillé parce que mon pays peu à peu s’effeuille, faudrait qu’on s’réveille […] Les milices ne veulent pas lâcher du lest, des millions d’familles, des enfants y restent. Guerre de richesses et de sang sur ma terre de richesse et de sang ».
Les paroles de Youssoupha vont plus loin, pointant du doigt la responsabilité de certains dirigeants : « Paul Kagame, faut l’condamner mais aussi faut reconnaître, ceux qui dirigent le Congo n’aiment ni le Congo ni les Congolais ». Le message est sans appel : les autorités congolaises doivent également se remettre en question.
Ninho, quant à lui, s’interroge sur la source du mal qui touche le pays : « J’me demande d’où vient le problème d’un pays aussi riche. La faute à ceux qui voient leurs poches avant la société […] Un peu d’humanité, c’est la base, tout n’est que vanité, tout s’efface ».
Enfin, Kalash Criminel met en lumière le lien tragique entre la guerre et les ressources naturelles du Congo : « On meurt pour du diamant, cobalt et coltan à la moindre escarmouche comme le président – Félix Tshisekedi, NDLR -. Ne jamais trahir le Congo, qui vivra verra ».
Dans de nombreux morceaux engagés, le message prime souvent sur l’aspect artistique. Cependant, dans Free Congo, les artistes n’ont rien négligé. On y retrouve une qualité irréprochable, que ce soit dans le flow, les rimes, la technique ou le message porté. L’art et l’engagement sont associés pour dénoncer l’agression extérieure, mais aussi les faiblesses internes qui nourrissent ce conflit sanglant.