Trois ans déjà depuis la sortie de l’album « Tokooos » de Fally Ipupa , on vous dis tout ce que vous aviez loupé sur le projet !

Tokooos, le quatrième album solo de fally Ipupa a soufflé sa troisième bougie le 07 juillet dernier .L’occasion de se replonger dans cet opus parfois décrié à tort.

Entre deux solos de guitare, paré de sa mythique paire de lunettes noires, Fally Ipupa, l’héritier de Papa Wemba nous a présenté Tokooos, son quatrième album , l’opus emblématique de sa carrière musicale.

Tokooos c’est le dérivé de « kitoko », ( « beau », « joli » en lingala). Aujourd’hui j’ai déjà trois albums classiques de rumba et j’avais envie de partir vers d’autres horizons. J’ai voulu cet album très ouvert, avec des collaborations et des morceaux sans dédicaces et plus courts, contrairement à la coutume de la musique congolaise. Je pense que j’ai réussi à garder l’authenticité de la guitare congolaise avec des beats plus urbains. J’ai créée Tokooos pour m’identifier, j’ai créé mon propre concept, mon genre musical à moi. Dorénavant ma musique s’appellera Tokooos musique. Mais bien sûr je reviendrai plus tard avec un album plus communautaire, mais qui restera Tokooos. Mon style personnel. La musique de Fally. A décaler Dicap au cours d’un entretien avec nos confrères de Parismatch .

L’artiste s’était entouré de personnes qui comprennent cette notion de ne pas nous servir des morceaux kilométriques.

En comparaison avec notre étalon d’or qui est Emotion, (album de Papa Wemba qu’on peut écouter en moins de 60 minutes), si Tokooos ne comportait que 11 chansons, ce serait un album de 33 minutes, donc 5 minutes plus courts qu’« Emotion ».

Photo crédit : Fnac.com

Pas de « name dropping » (mabanga, dédicaces), pas de citation d’illustres inconnus- ni d’illustres connus. Il cite rapidement un nom sur le titre « Kiname », et après plus rien.

Cette album a révélé qu’il il est possible pour un artiste congolais de chanter sans mabanga. A y voir de plus près, les albums sans dédicaces sont l’œuvre de maisons de production basées hors des frontières congolaises qui comprennent les exigences de l’industrie musicale internationale .

Avec cet album, nous étions loin du Fally que nous avons connu et apprécié à travers ces trois premiers albums. Nous étions loin des rumbas, loin des sebenes (style rythmé de façon dansante par les percussions) avec les frénésies de guitares et batteries, loin des cris des atalakus (animateurs). loin de Bandal, un quartier populaire de Kinshasa qui a vu grandir l’artiste.

Tokooos est un album expérimental : ni hip-hop, ni afrotrap, ni afropop, ni rumba Dans une interview au journal Le Monde il dit ceci : « Moi, je ne fais pas de l’afropop mais du tokooos, de la musique congolaise urbaine internationale ». Répète l’article plusieurs quand il est interviewé par le média

Après le premier morceau « Kiname », s’ensuit « Esengo » – la joie/le bonheur en lingala-, le morceau le plus proche de ses racines kinoises en termes de paroles et de rythme, qui se rapproche du single « Original »

Dans « Mannequin », on remarque la présence des stars françaises telles que Keblack et Naza.

La chanson qui a été la plus traumatisante est « Nidja » avec la mégastar R. Kelly. Les premières 90 secondes, Fally chante en anglais (disons simplement pas bon), et puis survient R. Kelly, qui avec ce featuring donne du sens à la chanson

En France, il est surtout connu pour son duo avec Booba dans le très entraînant « Kiname » : une contraction entre Kinshasa, sa ville natale, et le Paname de B2o. Son quatrième album, Tokooos, marque un tournant musical dans sa carrière.

« Je savais que ce moment arriverait un jour. Le coin le moins exploité musicalement, c’est l’Afrique, alors que la musique africaine est très, très riche. Ça ne me surprend pas qu’aujourd’hui, les artistes américains viennent puiser de l’inspiration en Afrique. Mais il faut que ce soit quelque chose de réciproque. […]
Il y a des gens qui se fâchent ! Ils viennent, ils choppent la musique et ils se barrent. Drake est un très grand artiste, mais bon, il faut que l’on ait de la reconnaissance, nous aussi. L’Afrique a déjà tellement souffert de l’exploitation humaine et matérielle… Maintenant, la musique aussi… On peut échanger culturellement, mais il faut s’entraider.

En Afrique, on n’a pas besoin d’eux, on est déjà connus. Comme en France, d’ailleurs. Ça sert à rien de faire des collaborations avec des artistes américains si ça ne passe pas aux États-Unis. C’est comme si je te disais : ‘Viens dans mon restaurant, commande à emporter et va manger chez toi.’ » disait le précurseur de la Tokooos musique au cours d’une interview avec le média Konbini .

Pour Fally Ipupa, cela est en partie dû aux arbitrages effectués par les radios françaises qui, contraintes par un système de quotas, sélectionnent les valeurs sûres : les sons légers, les « tous publics », ceux au potentiel commercial assuré… Mais qui cantonnent les productions africaines à un registre étriqué, alors que la culture musicale du continent africain est d’une diversité inégalée, et que des artistes comme Salif Keita ou Youssou N’Dour ne rentrent en rien dans ces cases.

Quant à ses collab’ avec des rappeurs français, Fally a assuré : « Je ne les ai pas faites pour me faire connaître, mais pour l’amour de la musique. Ce mélange culturel, c’est ce qui fait évoluer la musique.« 

Avec cet album l’artiste a pris un pari qu’il faut saluer. Un pari que de nombreux artistes de sa génération hésitent à prendre

Fally a décidé de sortir de sa zone de confort, en faisant une nouvelle expérience.
C’est ce qu’il faut retenir de Tokooos. Musicalement l’album est appréciable. Le mérite pour El Mara est d’être sorti de sa zone de confort, pour tenter une autre expérience, une nouvelle aventure musicale.

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